jeudi 29 octobre 2009

La Morgue

Épisode -1-

A son arrivée aux urgences, il avait tellement de fièvre qu'on l'a transféré au service des grands brulés. Le médecin a dit, après une brève consultation, qu'étant donné sa température extraordinairement élevée, il ne pouvait pas l'examiner notant que trois thermomètres ont fondu au contact du patient et qu'il n'est pas de ses compétences de soigner les corps incandescents. Et que, normalement, son secours irait plutôt vers les pauvres thermomètres car ceux sont eux les grands brulés dans le cas présent. Il déclara qu'il ne pouvait rien pour lui et ordonna de le transférer à la morgue ; ce qui était en soi une excellente idée, car c'était, sans conteste, l'endroit le plus frais de l'hôpital.

Ses accompagnateurs en étaient ravis. Ils réajustèrent leurs uniformes et leurs képis, firent à haute voix les prièrent qui conviennent à la situation et s'en allèrent rendre compte à leurs supérieurs.

Contre toute attente, le séjour à la morgue a eu pour effet de remettre en état notre ami. Sa température à chuté, ses douleurs se sont calmés et il se laissa aller à un doux sommeil bercé par le ronronnement des réfrigérateurs. Il s'est reposé.

A son réveil, l'un des macchabées, son voisin du frigo de gauche, lui demanda les raisons de sa présence ici en lui faisant remarquer qu'il était, selon les termes employés ''salement amoché''.

Il commença par demander s'il était, lui-même, passé de vie à trépas, on lui répondit que pas encore, mais qu'étant pour l'instant entre la vie et la mort, il pouvait communiquer avec ceux qui l'étaient. Et on le somma de satisfaire la curiosité de l'assemblée. Il raconta donc son histoire.

« Je me rappelle que j'étais à une sorte d'examen, un homme se tenait devant moi et je devais lui répondre, plus je répondais juste plus il s'énervait, et plus il s'énervait plus j'avais mal. Ce qui était bête, c'est qu'il me donnait à chaque fois la réponse que je devais dire, une réponse fausse bien entendu, mais je devais la réciter sans me soucier du reste. C'était pourtant très simple, mais à chaque fois, j'oubliais, car j'avais très mal, donc sans réfléchir je donnais la réponse vraie. Évidemment ce n'étais pas ce qu'il voulait entendre, alors il s'énervait, et ses copains aussi. J'aurais voulu répéter ce qu'il me disait de dire, mais j'oubliais à chaque fois. »

Les défunts trouvèrent l'histoire étrange, d'autant plus que leurs camarade semblait sincère. Pourquoi cet homme voulait-il une fausse réponse ? Pour résoudre l'énigme, ils lui demandèrent quelle était la question et là, à leur grande surprise, il affirma qu'il n'y en avait pas. Comment ça pas de question ?? cette histoire est contraire à toute logique. Car il ne peut y avoir de réponses, fausse ou juste, que s'il y a une question.

Le mort-vivant réfléchit un long moment. C'était effectivement vrai. Tous réfléchirent avec lui. Soudain, la porte de la chambre froide s'ouvrit et laissa passer deux infirmiers ramenant un nouveau cadavre tout chaud. Il l'installèrent et partirent sans prêter attention aux autres morts.

à suivre ...

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